Cartes monotypes

D’aussi loin que je me souvienne, l’art et les mots ont fait partie de ma vie. Je crois qu’ils y sont apparus ensemble avec Mimi la fourmi et Mirabelle au long cou, de Claude Robillard. Ensuite la magie des mots est arrivée par bateau, le jour où j’ai extirpé des caisses de bois tous les livres rouge et or de la Comtesse de Ségur, née Rotospchine. Mon père nous les avait envoyées, lors d’un séjour d’études en France. Les illustrateurs de cette collection, Bayard, Bertall, Castelli, Ferogio, ont enchanté ma lecture. Je n’ai jamais envisagé mon avenir autrement que dans un univers créatif où je pourrais amalgamer ces éléments fondateurs.

J’ai d’abord commencé  à saluer en mots les gens que j’aime, pour souligner certaines circonstances signifiantes de leur vie. Peu à peu au fil des ans, j’ai accompagné ces messages écrits de créations artistiques en miniature. Plusieurs personnes ont ainsi accumulé une petite collection de ces monotypes. J’ai donc pu les retracer et les répertorier.

On m’a souvent suggéré de créer des cartes dans l’esprit de mes monotypes, de les faire imprimer et de les vendre. La demande était là, les acheteurs se montraient intéressés. Cependant je crois,  à tort ou à raison, que mes cartes réalisées en pensant spécialement au destinataire ont une portée affective et créative plus grande. Les mots viennent s’y greffer tout naturellement.

Et je ne veux pas perdre cet élan conjugué.

Ces monotypes miniatures alimentent souvent mes projets en cours. Ils s’immiscent toujours dans mon processus créatif de façon inopinée. Ils me poussent dans des directions inattendues. Je tiens donc à cultiver cet aspect de mon travail créatif qui joue un double rôle dans ma vie.