Mimi Lépine

Entre TERRE et CIEL

Que chacun s’efforce dans le milieu où il se trouve de témoigner à d’autres une véritable humanité. C’est de cela que dépend l’avenir du monde.

 

Albert Schweitzer, décédé à Lambaréné au Gabon en 1965

 

En cette époque troublée où une partie des humains doivent s’arracher à leur vie et à leur terre pour tenter de survivre, nous sommes tous interpellés. Il nous faut apprendre à aller vers l’autre, malgré les différences et les appréhensions. C’est ainsi que nous contribuerons à créer un monde meilleur dans un élan d’humanité.

 

J’ai choisi de déployer mon installation au-dessus de l’autel latéral droit, telle une oriflamme de sept pieds de hauteur par cinq pieds de largeur. Certaines églises d’Europe abritent encore de telles oriflammes que les fidèles sortent en procession une fois l’an.

 

L’église de Sainte-Pétronille propose aux neuf artistes de notre collectif un défi d’accrochage, puisque nous ne pouvons percer ni les murs, ni les boiseries. Il faut donc installer nos œuvres en nous appuyant sur les structures existantes.

 

Mon propos s’exprime sous forme allégorique, il prend l’allure d’une fable.

Je l’ai illustré en personnalisant des animaux. Les deux principaux protagonistes sont vêtus d’atours du XVIIe, en hommage à Jean de La Fontaine et à Charles Perrault.

 

J’ai d’abord créé une œuvre picturale, medium mixte sur toile, qui a été photographiée, puis imprimée sur une bannière grand format. Je l’ai ensuite enrichie  de collages de carton peints et découpés et de plumes. Ainsi le champ d’herbes folles, tel une ribambelle, ancre la réflexion dans une réalité terrestre. Les étoiles et les plumes qui le parsèment, ajoutent une touche céleste qui semble venir nous inciter à améliorer par des petits gestes le sort de l’humanité.

 

La scène se passe à l’heure bleue. Deux personnages s’observent de part et d’autre. Le cerf de droite, est vêtu d’un sobre costume de drap noir, col et manchettes de toile, typique des puritains. Il pénètre sur le territoire de son vis-à-vis. Il est accompagné de son chat, couché pacifiquement. Entre ses pattes, un oiseau repose  sans inquiétude. Les personnages de ce groupe semblent avenants, prêts à se présenter et à communiquer.

 

Le cerf sur la gauche porte les vêtements colorés des dandys à la fine pointe de la mode, le tout agrémenté de dentelles et de plumes. Il est accompagné de ses chiens. Devant l’irruption de ces étrangers, ils arborent tous un regard interloqué, voire méfiant. Ils ne paraissent pas vraiment disposés à les accueillir avec civilité.

 

Face à cette narration fantaisiste, le spectateur aura le loisir de développer sa propre histoire, de se situer et de s’interroger. Comment réagissons-nous face à l’autre, inconnu et différent ? Comment pouvons-nous par un sourire, marquer le début d’une ouverture ? Autant de questions que les bouleversements de l’heure devraient nous insuffler. Une des réponses repose indéniablement sur notre ouverture à l’autre. Une façon d’améliorer notre passage sur terre, tout en nous élevant vers un idéal d’humanité.

 

 

En guise de conclusion, je laisse la parole au renard de Saint-Exupéry :

 

Si tu diffères de moi, mon frère, loin de me léser, tu m’enrichis.

 

Mimi Lépine, membre du Collectif ETC…